tourlourou* combat

3 août 2009

Arrivée en retard, je n'ai pas pu entrer dans l'enceinte du théâtre en plein air. Alors j'ai regardé la danseuse à travers les grilles, des barreaux entre elle et moi, et d'autres.

En tutu treillis kaki et maquillage de guerre, pour piste de danse une cible carrée aux cercles dans le mille, elle combat autant qu'elle se débat. Grenade humaine en voie de dégoupillage. Sur la surface de la cible, elle tape, cogne, roule, valdingue, les pas, le dos, les pointes, les chocs, se réverbèrent, enflent, son corps est un cri de guerre. Danse démence, danse sauve qui peut, sauve ce que tu peux... De qui est-elle la cible, danse de l'oie, danse proie, reviennent (mais reviennent sans cesse, ce n'est que ça la mémoire, les rapprochements, les analogies, les associations, les correspondances, les états d'âme qui (se) retournent les uns aux autres, passé, présent, maintenant) ces histoires de traque, d'une course folle à travers les marécages, de souffle haletant, de souffle coupé, de souffle qui se retient, des sables mouvants, enlisants. Ballerine explosive, ton tutu de cygne aux couleurs de l'armée - là? camouflage? tu es sûre? en plein milieu? ligne de mire de tous les regards, sauf de ceux des enfants, qui s'en fichent, grimpent aux grilles, les doigts collants de glace -dames devant pas contentes- ne le laisse pas dans le viseur, sinon c'est la mort. Tu veux mourir c'est ça? tu es une kamikaze ! Danse avant de mourir, le canard à qui l'on coupe la tête continue de courir, je l'ai vu, le corps s'agite, court encore, même si au sol la tête ne bat plus. Poule d'eau on te prend, poule mouillée tu n'es pas. Ta vaillance, ton énergie, ta plus belle victoire avant de monter au ciel.

*Tourlourou, nom que l'on donnait aux soldats antillais de la 1ère guerre mondiale.
chorégraphie de Carlotta Sagna, interprète satchie noro