La pêche du jour

Combien de poissons  arty show off ont mordu à mon hameçon???
Un certain nombre, dans l'abondance qui oblige à affuter le regard, à sentir quand les antennes s'agitent, le petit frémissement intérieur qui nous indique que ça mord, qu'il faut aller y voir de plus près. 
Ainsi, du Show off 08, au détour des 34 galeries présentant plus de 200 artistes, le résultat de la pêche est :
Geneviève Favre, une performeuse suisse qui garde des traces de ses performances en lumière et mises en scènes fatales,  l'Autoportrait couché de Rita Natarova, une jeune peintre russe qui habite Brooklyn, joyeusement renversant, le livre de photos intimes d'Ornela Vorpsi, les photos de la galerie Philippe Chaume, les photos encore de Gabriel Jones montrant des résidus de la conquête spatiale échoués sur la terre, triste monde, la série de portraits au fil de Carlos Franklin, racés, la partie de pêche très corps à corps de Chloé Tallot pas écoeurée, certaines peintures au scotch de Luis Rodrigo,  l'extrême délicatesse du service à vaisselle de Ruth Gurvich, entre tissu et porcelaine de Limoges, côtoyant des luminaires dînette à l'espace ArtyDandy, une italienne (ou un?) et son petit double Christiano de Gaetano, les piqués dans l'eau blanche d'Amparo Sard, espagnole. Bien sûr le magnifique portrait de Louise Bourgeois de Philippe Bonan (vendu deux points rouges, comme quoi les valeurs sûres le restent!) et aussi, même si je n'en aime guère l'esthétisme les médaillons des "Catastrophes sexuelles" de Michaela Spiegel, dont la férocité et l'effroi seront prolongés dans une vidéo de l'exposition "URBANITES" à la Galerie des Filles du calvaire (où j'ai foncé fissa, sur les recommandations de la jeune femme de la galerie présente à Show off). Paris printemps 2019, l'intérieur d'une maison, design impeccable, ordre parfait, tout est calme, clean, harmonieux, figé, on sonne, la femme  que l'on voit de dos, avant d'aller ouvrir, réajuste sa jupe élégante, remet une fleur en place dans un vase, ouvre la porte, synapse, collapsing, pour laisser apparaître un visage à la Orlan, en pire, avec prothèses, bijoux de bouche, strass incrustés, terrifiant mais du dernier chic "Oh ma chérie, comme tu es belle ! " lance à l'invitée la maîtresse de maison elle aussi prothéisée, elle aussi défigurée.  La vidéo s'appelle "Le dernier cri" elle est d'Erwin Olaf. On se surprend à se demander si... peut-être dans le futur... ces implants, une nouvelle mode, vraiment? ... Heureusement, les photos de Paul Graham, Denis Darzacq et Mohamed Bouroussissa nous ramènent à la réalité, dure souvent mais humaine, intensément humaine.