Gustavia, deux femmes

Deux femmes qui se ressemblent, deux doubles qui jouent en duo, mêmes habits, même physique, jambes hautes et blanches, mêmes coiffures, mais pas même accent, l'une est française, l'autre espagnole..toutes les deux danseuses chorégraphes...le programme dit burlesque, on le cherchera en vain, à peine un gag, mais on trouvera autre chose, entre les rideaux lourds et gris du plateau, perchées sur deux tabourets, le clou du spectacle, Mathilde Monnier la blonde et La Ribot* aux lèvres rouges, qui monologuent, leurs paroles s'entrecroisent, se chevauchent, ping-pong vocal, mots lâchés de ci de là, portrait d'une femme, pas la femme, d'une femme et d'une autre et encore d'une autre mais pas de toutes les femmes, une singularité qui n'est pas commune, pas de poncifs, les poils ouloulou qui pendent là, le geste accompagne le phonème, ça chante presque, ça danse la voix, l'orage qui a fait rage, déversé son  torrent de pluie tout à l'heure, a laissé le champ libre à une partition parlée corporelle crépitante et jubilatoire. Auguste Gustavia.