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cortexMisia
4 février 2014

démiurge fabuleux

IMG_3507

Le film n'était pas prévu au programme mais comme ils venaient de le ressortir, Gianfranco Barberi et Marco di Castri ont décidé de la projeter à la place du film sur Mario Merz. C'est ainsi que nous avons découvert sous nos yeux éberlués Jean Tinguely dans son atelier hangar en pleine action de création. Inouï, prodigieux. L'homme est nerveux, agité, il bouge beaucoup, se tourne vers la structure, se déplace autour d'elle, entre en elle. Il a un assistant qui soude pour lui mais Tinguely tient la pièce, le regard en coin, si près de l'étincelle, de l'arc de feu. De temps en temps il met sa main gantée devant les yeux, mais sinon tout se fait à oeil nu. Et dans un geste précis, il sait, il sent le mouvement, l'équilibre de la pièce, sa force, son point de justesse. Tout ça dans un vacarme de machinerie, de bruit de métal qui tombe, de grincements, de roulement système. Quand il a envie, Tinguely parle, à la caméra, il cite des philosophes, des artistes, des couleurs. La pièce qu'il est en train de réaliser est en correspondance avec Yves Klein, l'immatériel, la suspension, le non lieu de la matière... rien ne semble être plus éloigné du travail pur et propre d'Yves Klein que celui de soudure et d'assemblage monumental de Tinguely, du costume de rigueur dans une galerie parisienne et du bleu de travail de l'atelier. Pour Tinguely, il ne fait aucun doute que ses oeuvres ont la même résonance, vibrent au même niveau, même si elles se forment sur de la matière brute, sur de la structure. Il n'a pas tort. L'homme a une présence incroyable, il compose le film comme une performance qui se ferait (presque) en une seule prise; Aussi, quand à la fin, de la radio sort un discours religieux, puis une musique au piano, alors que l'activité s'est arrêtée, que le feu de la soudure a cessé, les objets se mettent au repos, le silence envahit tout l'espace, l'atelier devient cathédrale. Sublime. 

C'était aux Beaux-Arts, une séance de la programmation culturelle en collaboration avec l'auditorium du Louvre à l'occasion des Journées internationales du Film sur l'art. Les deux autres films superbes aussi, avec Penone et avec Beuys. 

 

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cortexMisia
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