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cortexMisia
29 octobre 2013

sur le thème de l'enfermement

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"A triple tour", on y va en se disant que forcément on va voir des oeuvres assez exceptionnelles puisqu'elles font partie de la collection François Pinault; FP c'est un peu comme un label, des artistes de renommée, du poids lourd en art contemporain... On n'a pas tort. Dès la descente de l'escalier, le spectateur est pris dans le reflet des barreaux de l'installation de M. Pistolleto. Efficace. La deuxième sensation très forte vient des portraits bâillonnés aux yeux fermés de Bill Viola, apparition fantomatique d'images en noir et blanc dans un couloir noir, où l'on ne sait pas si on entend le bruit impossible du cri étouffé, de la parole que l'on ravale, de la voix qu'on assassine. Découvrir les grands tableaux de Judith Mehretu "Invisible sun" et "Chimera" rappelle le plaisir que l'on a eu lorsqu'on a découvert le travail de cette artiste il y a quelques mois. Il faut dire qu'en grands formats, ses compositions ont une ampleur, un mouvement et  des rythmes dynamiques, qui happent le regard et nous collent presque à la toile. Soudain quelque chose nous frôle, un fauteuil roulant avec un vieux dedans, on a presque envie de lui dire de faire attention quand on remarque d'autres fauteuils roulants avec d'autres vieux dedans, et une fixité, une rigidité dans leur assise. Ce sont des faux personnages, les Old Personns Home de Sun Yuan & Peng Yu, actionnés par un système de téléguidage. Rire jaune, étranglé, effet morbide, presque terrifiant sur la vieillesse, le despotisme. Pour se réconcilier avec la grâce, douloureuse mais absolue, un extrait de Jeanne d'Arc de Dreyer dans l'installation vidéo diptyque  de Javier Telliez. La Pharmacie de Damien Hirst est à l'image d'un monde malade de tous ses symptômes. Les installations de Chen Zen m'apparaissent comme des tombeaux parcourus de sang. Je découvre une oeuvre à excroissances d'Alina Szapocznikov qui dit si bien la tumeur tuant le corps, le langage, la liberté à être. Les corps et les esprits sont aussi malades, hallucinés chez Tetsumi Kudo dans des mises en cage, aux couleurs délavées. Mohamed Bourouissa est bien l'artiste vu à Temps d'image avec les sms échangés entre deux frères, l'un en prison, l'autre dehors. De Paris, il envoie un petit film fait dans la rue, avec le téléphone, sur le petit écran, parfois  l'image se brouille, les mots chaotiques. Les photos colorisées de Boris Mikhaïlov bizarrement ont une certaine douceur, artificielle et kitsch mais elles me touchent. De ce qui serait un idéal politique. Un apaisement (ironique, dérisoire) dans un état totalitaire. Un "homme" a perdu une main, il s'est figé dans un temps et un espace d'une chambre d'hôtel. L'endroit dévolu à la vidéo de Bertille Bak est relativement petit comparé à l'espace du site historique mais le geste lumineux des habitants est grand de leur engagement protestataire contre la destruction de leur immeuble. Un geste poétique comme un appel à la liberté, un rempart à l'enfermement. Bien que l'exposition mette souvent mal à l'aise et dans une posture inconfortable, une croyance résiste, un flux de conscience la traverse et s'échappe. A triple tour, Collection Pinault, La Conciergerie, Centre des Monuments nationaux, jusqu'au 6 janvier. 

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cortexMisia
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