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cortexMisia
2 octobre 2013

du nu mais du beau

Il me semble que le titre de l'exposition Masculin /nilucsaM L'homme nu dans l'art de 1800 à nos jours, est trompeur car le nu masculin, le nu d'homme donc, que l'on y voit est toujours (ou à quelques rares exceptions) un nu du beau, un nu de la beauté, un nu stéréotypé. Même quand il souffre, même quand il meurt, pleure, même quand il ne fait rien que poser, l'exposition n'envisage pas le nu masculin autrement que sous cet angle esthétique, académique, - d'éphèbe- , ce qui à la longue devient lassant. Je me demande quand même si le parti pris d'une approche thématique ne réduit pas le questionnement, ne tend pas à confondre les points de vue tant les oeuvres paraissent interchangeables d'une section à une autre et si un accrochage chronologique n'aurait pas été plus pertinent (rappelons que le titre indique une chronologie) pour mettre en lumière les différents états du nu masculin. Les commissaires ont sans doute voulu éviter une approche trop pédagogique du type: "alors,  à cette époque on montre le muscle, le pénis, plus tard on ne le montre pas, pour des questions de morale, la séduction, l'érotisation, l'évolution, selon quels critères, dans la représentation de l'image que l'on se fait de l'homme, du corps de l'homme, de sa virilité, de sa efféminité, etc.. ). Au vu de l'exposition,  je me demande si le nu masculin n'est qu'un modèle académique, un "genre" artistique. Doit-il toujours exister comme un symbole, une image glorifiée, fantasmée. Dans le regard d'un autre homme? Et de cet homme regardeur et artiste, que dit-on? Il y a une différence entre un regard qui désire, un regard qui glorifie,  et un regard qui peint tout simplement (Cézanne en est l'exemple parfait). Car à force de voir tous ces nus masculins, on en viendrait presque à oublier les artistes qui sont derrière et leurs intentions du "masculin" à travers le "nu". L'exposition recense en majorité des hommes, cinq femmes seulement*. A cette inégalité de représentation, le masculin/masculin y perd, en nuance, en excès, en humour et en forme. 

* Orlan "L'origine de la guerre" qui montre un sexe en érection selon le même cadrage que L'origine du monde, une photo douce d'un ami prenant un bain de Nan Goldin, la sculpture phénoménale et terrifiante de Louise Bourgeois "Arch of Histeria - bien que je me demande si cette oeuvre a sa place dans cette exposition- , une magnifique photo d'Imogen Cunningham représentant son mari nu sur un rocher, en osmose avec la nature (1918) ce qui lui attirera toutes les foudres et les censures, et Zoé Léonard.

Masculin/nilucsaML'homme nu dans l'art de 1800 à nos jours, Musée d'Orsay, jusqu'au 2 janvier 2014 www.musee-orsay.fr

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cortexMisia
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