Meuuhselée

Généralement Martine Birobent, plasticienne québécoise insubordonnée, musèle des poupées. Elle les recouvre entièrement, sauf les yeux, d'armures au crochet, gamme très colorée, leur adjoint des appendices ou des nidations de bébés. Ses poupées sont synonymes du combat pour la libération de l'orifice buccal... manger, boire, fumer, s'exprimer et même dire ce qu'il ne faut pas ! Elle a fait aussi une vache, dont on note l'apparence anthropomorphe, et son bébé, tout ce qu'il y a de plus humain dans la représentation figurine. J'ai choisi de montrer la vache au lieu des poupées, car ces poupées muselées, je ne sais pas 'comment' les voir. Et sans doute aussi à cause d'un certain malaise.  Je trouve, mais cela n'engage que moi, qu'il y a beaucoup de violence dans ce muselage de poupées. Pourtant je sens qu'il faudrait y voir autre chose,  être moins collée à la perception, voir ce qui dénonce l'oppression, ce qui stimule la création. L'expression d'un être humain n'est pas que verbale mais bizarrement je n'arrive pas à voir de l'humour ou de la distanciation dans les poupées muselées. Je n'y vois que celle à qui l'on a pris sa parole, privée de sa parole, celle que l'on bâillonnne et que l'on empêche de parler.  Que l'on réduit au silence. Silence que ces poupées ne sont pas. Ni leur créatrice, libre expressive, véritablement fédératrice. A rencontrer.

Poupées muselées Librairie de la Halle St-Pierre jusqu'au 4 mars, entrée libre. www.birobent.com.