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cortexMisia
12 septembre 2011

vidéo et après, Douglas Gordon

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Après la projection, sentant peut-être que l’accueil devant son film n’était pas hyper enthousiaste, Douglas Gordon l’a joué dans un premier temps esquive, fanfaron (avec son traducteur notamment), repoussant les questions du public à plus tard et donné une explication qui lui a semblé la plus appropriée pour parler de son film et justifier son impression résumée par « c’est lourd ».  Il faut dire que pendant plus d’une heure, celui-ci montre l’exécution de la pièce concertiste k.364 de Mozart par un alto et un violoniste, dans un montage de double image, en gros plan, très rapproché sur les visages, et sur un rythme à peu près égal au tempo de la pièce musicale. Epreuve de plus d’une heure pour le spectateur, dans la droite ligne du film que D. Gordon avait fait précédemment sur Z.Zidane avec Ph.Pareno et par extension de la projection étirée au ralenti sur 24h de Psychose d’A. Hitchcock. 

Pourquoi faire du léger quand on peut faire du lourd ?

Pendant la projection de k.364, au bout d’un moment, j’ai commencé à m’ennuyer, je trouvais ça interminable, répétitif, je me demandais quand cela allait s’arrêter, je le souhaitais. Je n’étais pas la seule, certains ont même craqué, quand ils ont compris que cela ne changerait pas, ils sont partis.

Difficile de s’avouer qu’une œuvre de Douglas Gordon peut ennuyer, moins nous plaire, quand il a été l’un de nos artistes majeurs dans notre rapprochement avec l’art contemporain.

Difficile aussi de ne pas chercher quand même à comprendre le sens de l’œuvre. DG ne nous laisse jamais passifs, même si certaines de ses propositions ont un pouvoir méditatif fort. Et pourrait-il « rater » une œuvre ?

De plus, étonnamment, la chose qui fait obstacle sur la durée est la musique, que l’on commence à trouver pénible, alors que « fucking », comme dirait DG, c’est du Mozart !

Que s’est-il passé ? Ca avait bien commencé, générique impeccable, image de corps dans une piscine, paysage vu d’un train,  élément requis pour rentrer pleinement dans le film.

 C’est la double image de la fin qui va me faire basculer vers une autre perception et ressentir le film d’une manière totalement différente.  Le procédé de faire coexister deux images en même temps permet une astuce finale où les deux musiciens semblent se saluer eux-mêmes.  Ce salut, révérence en signe de gratitude à soi devant la performance accomplie replace le film dans un discours autre. L’idée que la musique s’entend avec des images, qu’elle en crée également est ici prise à contre pied. Aucun lyrisme, pas d’imagination, D. Gordon ne cherche pas à faire du sentiment. Seulement à montrer, dans une double frontalité,  la musique jouée par une personne, une personne qui a un corps. Ce que l’on vit de la musique en concert est une musique mise en mouvement par un corps. La musique est avant tout physicalité, corporalité. Rétrospectivement le film prend un autre sens.

On croyait partir pour un voyage dans le temps, passer un pont de mémoire incarnée par la musique. C’est l’inverse qui se produit. On est absolument dans le présent, le présent de la performance, le présent de la rencontre entre les deux musiciens, le dialogue à travers leurs instruments. Le hors-champs est à peine existant. Le traitement de la réalité par Douglas Gordon est tellement au plus près de ce qu’il filme que celle-ci une en devient une hyper réalité. C’est cette expérience qui a été donnée à vivre au spectateur. Elle est brutale, pas forcément réussie et révèle un « accroc », ce sur quoi bute Douglas Gordon, moins dans son oeuvre que dans sa vie personnelle. C’est ce que l’on comprend en écoutant son explication. 

 

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