La Joconde
Que disait Daniel Arasse de la Joconde? Que finalement elle était un de ses tableaux préférés, que cela avait lui avait pris du temps, de l'aimer, bien plus que les cinq ans pris par Léonard de Vinci pour la peindre. Il précise "aimer" et non pas admirer. On n'admire pas la Joconde, on la voit, on la regarde, on se laisse infuser jusqu'à ce que...
La Joconde n'est pas une belle femme en soi, c'est à dire ne correspondant pas aux canons de la beauté classique, pas d'atours particuliers, pas d'apparats prestigieux, cette femme si elle n'était pas la Joconde pourrait presque paraître insignifiante et fade...peu admirable...si on la regarde trop vite.. étrangement la Joconde ne se satisfait pas d'un regard à la va-vite, La Joconde toujours on y revient, on passe du temps, on l'observe, on la la scrute, on la cherche derrière ce qu'elle nous donne à voir, on pressent un secret, une dimension plus grande, on suit son regard, on file son sourire, on se perd dans le paysage, source, colline, on regarde les mains, l'échancrure du buste, on revient au sourire, repart au paysage, retourne au regard, va et vient, derrière devant, la robe sombre, on se perd, La Joconde, tant de mystère, d'où vient-il? Une énigme, pourquoi ce sentiment?
La Joconde, c'est du temps, de l'impermanence, de la suspension, insaisissable, l'infini, l'éternité...
Léonard de Vinci grand lecteur d'Ovide et Les Métarmophoses pensait que la Beauté est éphémère.
Comme l'est un chignon, condensé de fils, à l'aspect vaporeux, sobre et
élégant, roulé sur lui-même, en creux, en fond, un puits
insondable, un trou noir... à tout moment il peut se défaire. Et se refaire dans un geste, esquissé, à la grâce d'un sourire.
La Joconde, on peut dire que ça décoiffe...au ralenti!